Chromophotographies : Ce travail est, à l’instar des « Lumigrammes », un travail qui concerne la lumière : c’est même un travail exclusivement basé sur la lumière. Les premiers essais ont été réalisés presque au début de ma pratique photographique, lorsque je commençais à découvrir mon médium, vers le milieu des années 70. Je réalisais alors des diapositives qui ressemblaient fort à des tableaux abstraits !… Lorsque j’ai repris ce travail, au début des années 2000, ces abstractions m’ont intrigué d’autant plus, qu’une exposition au musée d’Orsay, quelques temps auparavant, avait ouvert une brèche quant aux relations qui s’étaient tissées entre l’Art du dix neuf et vingtième siècle et les découvertes scientifiques faites durant la même période… En effet, l’art abstrait naissant en ces temps étaient le fruit, pour une grande part au moins, des interrelations entre ces deux disciplines : art et science. Nombre d’artistes avaient retranscrit, à travers leur médium (peinture, sculpture, musique, etc.), les nouvelles perceptions et émotions que leur inspiraient ces récentes découvertes (théories ondulatoires et corpusculaires sur la lumière, phénomènes électromagnétiques, électrostatiques, ondes sonores, etc.). De là naissaient des formes abstraites, ondulantes ou rayonnantes... Mais sans gratuité (nous sommes très loin ici de l’abstraction pure et dure de certaines avant gardes contemporaines…). Et c’est cela qui se présenta à moi et me motiva lorsque j’eu la connaissance – grâce à un ami, expert physicien – du fait que le procédé lumineux de visualisation que je mettais en place était - selon lui - « le seul effet quantique visualisable »… Là, comme M. Jourdain, je ne savais pas ce que je faisais : je produisais de l’effet quantique sans le savoir !… C’est à dire que, ces effets de couleurs étaient nés spontanément des activités physiques les plus fines de la matière, puisque la lumière est à la fois ondulatoire et corpusculaire… Et il y a là (je tiens à le souligner) - à travers le phénomène photo-graphique transcrivant l’effet quantique de la Lumière - une forme de symbolisation de l’essence même de la Lumière !… Cette symbolisation est prépondérante dans toute démarche artistique, si l’on ne veut pas désincarner de sa substance l’Art lui-même… Car, même photographique, il ne peut exister qu’à travers cette symbolisation. Autrement, il y a non-art ! Tout le reste n’est que bavardage… De fait, ces images relèvent donc de l’Art et de la Science. Tout au moins, elles s’en inspirent. En elles, tout est une empreinte de la lumière. Il n’y a pas volonté de représenter autre chose que cela… Au départ tout au moins. Car, ce sont bien les jeux de lumière chromatiques et leur formalisation graphiques qui m’ont passionné dès le tout début, en 1974 ou 75. Ensuite, les éléments rajoutés : feuilles mortes ou images graphiques sont devenues un autre apport. Il s’agit là de jouer sur des transparences que la couleur habille… Il faut noter que les images incluses ne sont pas des dessins, mais des vues obtenues uniquement par des procédés photographiques ou approchants (type copie-art…, pour pallier d’ailleurs à la pénurie actuelle de films traits, orthochromatiques ou autres films NB à hauts contrastes !…). L’effet obtenu sur ces dernières images est donc, en plus du phénomène chromatique, souvent très graphique. En même temps, on perçoit très fortement l’ambiguïté qu’il y a entre le graphique et le photographique… Et cela, je cherche maintenant à le rendre et même à l’amplifier par l’intermédiaire des procédés de tirages Fresson, Cibachrome ou même numériques, qui renforcent cette impression par leur matière très graphique ou leur contraste.